Fines gueules.Ouvert hier, un blog recueille les plats et les trucs de pros pour ravir les gourmands cloîtrés.
Ayons une pensée pour les pauvres chefs de cuisine confinés à la maison. Ben oui. Loin de leur piano, de leur brigade, de leurs clients, les bougres trépignent. Tournent en rond. Dépriment. Un chef, c’est fait pour mouiller le tablier. Pour palpiter au moment du coup de feu. Pour trépider au passe-plat en mugissant. Et pas pour regarder pousser ses géraniums. Ou avaler l’intégrale de «Derrick» en DVD. Et puis songeons à la perte sèche pour nous autres, les gourmands. Tout cet art, toute cette science, tous ces savoir-faire magnifiques bâillonnés par un fichu virus qui passait par là.
Notez que ces chefs cuisinent tout de même. Pour leurs proches; midi et soir. Alors, on a eu une idée. Une idée géniale (on sera modeste une autre fois): ouvrir un blog temporaire pour faire profiter la population cloîtrée de ces talents en déshérence. Demander à ces pros de la gazinière de partager leurs petites recettes du quotidien; des plats fastoches à réaliser et délicieux à avaler. Sans homard, caviar ni ortolans dedans.
L’appel du 30 mars
On a appelé ça «Confine Food». Oui, c’est en anglais. Mais il y a un petit jeu de mots (fine food, hi, hi, hi); et puis ça résume assez bien le propos. Lundi dernier, donc, on a attrapé le téléphone et passé une demi-douzaine de coups de fil. Sans essuyer le moindre refus, la moindre esquive. À notre appel du 30 mars, les cuistots ont tous répondu présent comme une seule toque, avec un enthousiasme qui met du baume au cœur.
Voilà donc Florian Le Bouhec (Le Bologne), Sébastien Vaillend (Café de Certoux), Nicolas Bouillier (Lion d’Or de Carouge), Gilles Dupont (Lion d’Or de Cologny), Damien Coche (Châteauvieux), Nicolas Darnauguilhem (ex-Tablar et Tabouret), Christophe Thuet (La Table du Croquant), Yoann Caloué (Le Flacon) et même l’auteur de ces lignes, qui s’est mêlé, non sans suffisance, à ce prodigieux casting. Tous ont livré une ou plusieurs recettes, toutes simples, sucrées ou salées. Il y a là un poulet décliné en trois repas, une inspirante tarte aux épinards, une pannacotta ou des œufs à la neige. Plein d’autres plats suivront, manière de nous inspirer aux fourneaux jusqu’au déconfinement général.
Vidéos familiales
Certains chefs avaient entamé le grand partage gourmand dès le début de la crise. L’étoilé Dominique Gauthier, du Chat Botté, a ainsi commencé à réaliser de petites vidéos sur ses recettes du quotidien dès les premiers jours de réclusion à domicile. Des vidéos de facture 100% familiale. «C’est ma fille qui me filme, mon gendre fait le montage, ma femme s’occupe de partager sur les réseaux sociaux», sourit le cuisinier. «J’ai démarré ça surtout pour les équipes du Beau-Rivage, pour leur amener un peu de réconfort. De fil en aiguille, on s’est mis à partager les recettes avec les amis via What’s App, puis sur les réseaux sociaux.» Et enfin sur confinefood.com. Merci chef!
Le générique de notre blog collaboratif n’est nullement arrêté. Tous les toqués de la République sont les bienvenus. Il suffit simplement d’expédier un mail (jerome.estebe@tdg.ch), avec la recette et une photo du plat. On évite les ingrédients rares et chers; les tours de main acrobatiques; les alambiquages confusionnants. C’est la crise, baby, cuisinons sans chichi.
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