Le célèbre violoniste Renaud Capuçon appelle à ne pas "faire de la culture de dernier wagon du déconfinement". Il rappelle l'importance de l'art en temps de crise et espère davantage de visibilité quant à la réouverture progressive des établissements culturels.
Le temps d'une tribune, le célèbre violoniste Renaud Capuçon pose son archer pour prendre la plume et défendre le secteur culturel. Le musicien, qui partage chaque jour l'une de ses interprétations sur les réseaux sociaux depuis le début du confinement, redoute "une hiérarchie de tempo qui ferait du monde de la culture le dernier wagon du déconfinement". Voici son texte : "Notre culture est à l’arrêt. Partout c’est la même question : quand pourrons-nous remonter sur scène, revoir une pièce de théâtre, assister à un concert, aller à l’opéra? Notre pays, terre de culture et de festivals, souffre de l’arrêt brutal de ses salles de concert, de ses théâtres, de ses musées.
Les artistes comprennent l'urgence de la crise sanitaire
Nous, artistes, comprenons bien évidemment l’urgence de cette crise sanitaire et son caractère exceptionnel. Mais au-delà des difficultés, des peurs de l’avenir et des incertitudes du lendemain pour beaucoup, nous aimerions être éclairés sur notre futur proche.
Il ne nous paraît pas plus dangereux d’assister à un concert, dans des conditions sanitaires strictement appliquées, que de nous rendre dans un magasin
A partir du 15 juillet, il ne nous paraît pas plus dangereux d’assister à un concert ou d’aller au théâtre, dans des conditions sanitaires strictement appliquées, que de nous rendre dans un magasin ou un supermarché. Une hiérarchie de tempo qui ferait du monde de la culture le dernier wagon du déconfinement serait contraire à notre mission, à notre identité et au rayonnement culturel que nous portons.
Nous qui programmons nos spectacles ou nos concerts des mois, voire des années à l’avance et qui œuvrons avec tous les techniciens, intermittents du spectacle, agents, personnels de salle et tant d’autres acteurs culturels, nous sommes prêts à réfléchir à des solutions pour nous adapter à cette crise. Certainement le public devra porter des masques, sûrement il faudra espacer les fauteuils et avoir plus de patience pour accéder aux salles de spectacle.
Nous avons tant besoin de Bach, de La Fontaine, de Ravel ou de Molière!
Mais nous, artistes, sommes prêts à nous adapter, convaincus que notre public passionné et solidaire saura s’adapter à ces conditions exceptionnelles. Nous avons tant besoin de Bach, de La Fontaine, de Ravel ou de Molière!
Nous sommes impatients de remonter sur scène pour vous faire voyager de nouveau. Pour vous divertir ou vous émouvoir. Soyons à la hauteur en faisant face avec organisation, méthode et créativité. Il faut nous réinventer avec panache. Il en va de l’avenir de la culture dans notre pays."
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