Que s’est-il passé en 2023 ?
Depuis toujours, l’Asie a bénéficié de la croissance soutenue de la Chine et de la politique accommodante de la FED.
Mais en 2023, ces deux tendances ont pris la direction opposée. La reprise chinoise était en effet tirée par le marché intérieur et centrée sur les services. Ce qui s’apparentait à une forte demande latente post-confinement s’est finalement estompé relativement rapidement et ne s’est donc pas traduit par une croissance positive pour la majorité des pays de la région.
Plus globalement, les conditions dans la production manufacturière et le commerce mondial se sont dégradés en 2022 et ne se sont toujours pas améliorés. Les conditions financières mondiales ont également été difficiles, la hausse des taux d’intérêt aux États-Unis et l’appréciation du dollar ayant influencé les politiques monétaires dans le monde entier.
Ainsi, les pays qui ont historiquement suivi de près les performances des États-Unis, comme Taïwan et la Corée du Sud, du fait de leur exposition aux technologies et plus particulièrement à la chaîne d’approvisionnement de l’IA, s’en sont relativement mieux sortis. En revanche, les pays dépendant des matières premières ou de la Chine ont tous souffert. L’Inde s’est distinguée grâce à sa croissance structurelle historique et aux flux des marchés émergents qui se sont détournés de la Chine, devenue le point de mire de considérations de risque géopolitique.
Que nous réserve l’Asie en 2024 ?
L’Asie bénéficie de facteurs idiosyncrasiques, mais reste dépendante des exportations, des indices PMI et des conditions financières à l’échelle mondiale.
Nous abordons l’année 2024 avec optimisme, malgré un contexte d’incertitude, lié notamment au ralentissement global de la croissance et à son impact sur la politique des pays, aux risques entourant les élections (à Taïwan en janvier, puis en Indonésie en février, en Corée du Sud en avril, en Inde en mai et aux États-Unis en novembre) et aux craintes persistantes concernant la situation géopolitique de la Chine, ses perspectives de croissance moroses et les défauts survenus dans son secteur immobilier.
L’année 2024 sera-t-elle dominée par un marché de type macroéconomique ou bottom-up ?
La volatilité du marché devrait se poursuivre en 2024 : les prévisions du marché devraient continuer d’évoluer en fonction des chiffres de l’économie, comme cela fut le cas au second semestre 2023, le scénario global passant d’un « niveau plus élevé à plus long terme » à un « atterrissage en douceur », puis à une « absence d’atterrissage ».
D’après le scénario de base concernant l’Asie, la hausse globale des taux d’intérêt devrait se répercuter sur les économies de la région et entraîner un repli des bénéfices en 2024. L’industrie manufacturière demeure affaiblie dans le monde entier, une situation qui risque de se répercuter sur le secteur des services, principal contributeur au PIB dans la plupart des régions.
La bonne nouvelle est qu’en Asie, les bilans des entreprises sont beaucoup plus sains aujourd’hui qu’avant la crise du COVID, avec des déficits budgétaires et courants plus contenus, qui contribuent à atténuer la volatilité des taux de change et des flux de capitaux étrangers, apportant ainsi davantage de stabilité à la région.
Dans le meilleur des cas, l’Asie devrait connaître un recul de l’inflation, ce qui permettrait d’améliorer rapidement les conditions financières et de relancer la croissance. Sur ces marchés, nous pouvons nous concentrer sur une approche fondamentale, en évaluant la solidité de chaque pays et de chaque entreprise.
Dans le pire des cas, l’inflation persistera plus longtemps que prévu, obligeant les banques centrales à maintenir les taux à un niveau élevé et à durcir leurs politiques financières, comme ce fut le cas dans les années 1970 aux États-Unis.
Les pays d’Asie à suivre de près en 2024La Chine a déçu en 2023 et les incertitudes devraient persister en 2024. Le positionnement des investisseurs ainsi que la reconnaissance par le gouvernement de la faiblesse de l’économie devraient inciter à l’adoption de mesures de relance supplémentaires en 2024 et mener à des bénéfices supérieurs aux attentes. Le principal risque repose sur la confrontation géopolitique avec l’Occident, en particulier à l’approche des élections américaines de 2024, et sur les sorties de capitaux continues au profit d’autres marchés émergents. Le secteur immobilier bénéficie d’un soutien accru de la part du gouvernement, ce qui pourrait favoriser une amélioration de la confiance et des dépenses des consommateurs.
L’Inde reste un exemple de croissance structurelle. Elle bénéficie d’une démographie solide, d’une bonne dynamique de réforme et d’un transfert continu des flux de capitaux des marchés émergents, autrefois dirigés vers la Chine. La stabilité extérieure de l’Inde, son entrée dans l’indice obligataire mondial et sa capacité à attirer les investissements directs étrangers n’ont eu de cesse de s’améliorer ces dernières années. L’Inde demeure un modèle de croissance structurelle à long terme, même si nous pensons qu’à court terme, la plupart de ces facteurs positifs ont déjà été pris en compte. Le principal risque est que ce statu quos’inverse ou que les incertitudes entourant la situation politique du pays s’accentuent à l’approche des élections prévues en 2024. Les flux de capitaux étrangers pourraient ainsi se rediriger vers la Chine.
Forte de réformes majeures similaires et d’une croissance de sa population, l’Indonésie attire les investissements étrangers.Mais, comme pour l’Inde, les élections à venir en 2024 pourraient générer un accès de volatilité supplémentaire.
Taïwan et la Corée du Sud sont davantage exposés aux exportations, en particulier aux technologies, secteur pour lequel nous ne prévoyons pas de progression majeure en 2024. Après une solide performance en 2023, un risque baissier pourrait selon nous émerger par rapport aux estimations actuelles.
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